Mines
Retour09 mai 2025
Davide Buscemi - dbuscemi@medialo.ca
« On l’a prouvé : le plastique a sa place dans les mines »
©Gracieuseté.
Trois actionnaires lors de la réception du prix Extra Entreprise de l’année.
Plastiques G+, qui célèbre cette année son 30e anniversaire, figure un acteur clé de l’industrie minière grâce à ses innovations en plastique dédiées à la sécurité. Basée à Rouyn-Noranda, la société nous a accordé une entrevue. Rencontre avec sa cofondatrice, Nina Dion.
Le plastique : quelque pari audacieux
À ses débuts, la firme rouynorandienne a dû surmonter un scepticisme. « Les premiers produits, les gens dans l’industrie minière n’avaient pas confiance que le plastique soit assez résistant », se souvient Nina Dion.
Pour convaincre, un risque fut pris : « On a offert des garanties d’un an sur certains produits, puis les produits nous revenaient brisés. Il fallait alors tester différents types de plastique pour trouver les bons pour la bonne application. »
Tests et garanties leur ont conféré une réputation de fiabilité. Cette méthode a abouti au développement de nombreux produits, dont un conduit de ventilation semi-rigide innovant, conçu en 2010, avec une recette spéciale pour résister au feu et répondre aux normes de sécurité.
©Photo gracieuseté.
Des conduits de ventilation SPEED AIR DUCT TM dans un environnement minier.
©Gracieuseté.
Conduits de ventilation SPEED AIR DUCT TM dans un environnement minier.
Des matériaux adaptés aux conditions extrêmes
Fondée en 1995 par Dan Gagnon et Nina Dion, Plastiques G+ s’est spécialisée dans divers types de polymères selon les besoins. « On s’est spécialisé dans l’industrie minière et on allait chercher le meilleur plastique pour chaque application », développe Nina Dion. Le travail s’effectue avec du polyéthylène, du nylon, du polycarbonate et des composites FRP pour répondre aux exigences de résistance et de durabilité des mines.
L’un des enjeux majeurs pour les exploitations souterraines est la ventilation. Les conduits en plastique de Plastiques G+ génèrent des économies d’énergie significatives. « Par rapport à la toile traditionnelle, c’est environ la moitié de l’énergie des ventilateurs qui est économisée », observe Nina Dion. De plus, ces conduits ont une durée de vie bien supérieure aux alternatives en toile ou en acier, réduisant les coûts de maintenance.
Grâce à ces innovations, certaines compagnies minières ont rapporté une réduction de 80 % des réparations liées aux systèmes de ventilation. Cet avantage économique, en sus d’une meilleure performance, a permis au duo entrepreneurial de se démarquer dans un marché hautement concurrentiel.
Un engagement pour le recyclage et l’environnement
Loin d’ignorer les enjeux environnementaux, une dimension écologique est intégrée. « Plus de 95 % de nos rebuts de production sont recyclés », souligne Nina Dion. Les matériaux récupérés sont réinjectés dans la fabrication de nouveaux produits.
Plastiques G+ cherche également à réduire son empreinte carbone en optimisant ses processus de fabrication et en développant des produits toujours plus durables. « Nos conduits peuvent être réutilisés plusieurs fois avant d’être recyclés, ce qui limite considérablement les déchets industriels », précise Nina Dion.
Une expansion internationale malgré les contraintes
Annuellement, l’établissement fournit plus de 50 minières. Parmi ses gros clients : Alamos Gold, Agnico Eagle, IAMGOLD et le Minerai de Fer du Québec. Et à l'étranger : « on a des clients au Mexique, en Équateur : ça représente environ 25 % de notre chiffre d'affaires », estime Nina Dion.
Le marché sud-américain représente un axe de développement stratégique. « Au cours des dernières années, développer les Amériques a été notre première priorité », décrit Nina Dion. Plastiques G+ ambitionne ainsi d'élargir son empreinte sur ces marchés en pleine expansion tout en solidifiant sa place en Amérique du Nord.
« Le Hulk ! »
L’innovation est au cœur de leur stratégie. « On a investi beaucoup dans l’automatisation et développé nous-mêmes nos appareils de fabrication », révèle Nina Dion. La firme détient plusieurs brevets, dont un récemment déposé en Afrique du Sud.
L'un de ses produits phares, « Le Hulk », est un ballon de reformage permettant de redonner leur forme ronde aux conduits aplatis pour le transport. « Il est tout petit, puis quand on le gonfle, il devient gros », sourit-elle, songeant au super-héros vert de l’univers Marvel.
Pour se distinguer de la concurrence, Plastiques G+ vante son savoir-faire et l'excellence de ses produits. « Ce qui nous distingue, c’est notre recette spéciale certifiée CSA-M427-M91 et la facilité d’installation de nos conduits », s’enorgueillit Nina Dion.
Un appel au soutien des pouvoirs publics
L’entreprise a déjà bénéficié de subventions gouvernementales, mais les défis économiques actuels la poussent à en demander davantage. « J’espère qu’il va y avoir de l’aide pour atténuer l’impact de l’augmentation de nos coûts et nous aider à développer de nouveaux marchés », insiste-t-elle.
Avec une approche axée sur la qualité, la durabilité et le progrès, Plastiques G+ incarne le dynamisme entrepreneurial québécois. En conjuguant expertise technique et adaptabilité, ce succès entrepreneurial prouve que le plastique a toute sa place dans le secteur minier et qu’il constitue une solution d’avenir pour les infrastructures souterraines.
La transformation des polymères répond aux attentes. Alors que les mines cherchaient des alternatives aux matériaux traditionnels, l'entreprise a misé sur la soudure de plastique pour offrir des produits sur mesure, plus résistants et durables.
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